Wirecard, un cas en tous points exemplaire

Seuls les morts ne parlent pas, rien ne viendra jamais le démentir ! Christophe Bauer, la cheville ouvrière de Wirecard aux Philippines, a été déclaré mort. Le propriétaire de PayEasy Solutions, son partenaire en Asie, avait revendiqué 1,9 milliards de dollars qui n’ont jamais existé et une enquête le concernant était en cours dans le pays. Elle n’ira pas plus loin.

Le feuilleton n’arrête pas de rebondir. Selon le Financial Times qui ne lâche pas le bout de gras, le secrétaire à la Justice des Philippines, Menardo Guevarra, a prudemment déclaré qu’il devait d’abord déterminer si la personne décédée était bien celle qui faisait l’objet d’une enquête. Dans l’immédiat, le journal n’a pas été en mesure de consulter les registres d’État civil, s’étant vu opposer la réglementation sur la protection des données personnelles. Le mystère des circonstances de sa disparition reste entier, sera-t-il jamais levé ?

Les ramifications de l’affaire Wirecard sont déjà spectaculaires, associant milieux d’affaires et de la politique, organisations criminelles et services de renseignement. Elles ne touchent pas seulement l’Allemagne, mais également l’Autriche, le fondateur de Wirecard Markus Braun et le sulfureux directeur des opérations Jan Marsalek étant autrichiens. Le premier a été arrêté, le second est en cavale, à moins qu’il ne soit plus vivant. Il était en contact avec le renseignement militaire russe (GRU).

Olaf Scholz, ministre social-démocrate des Finances, et le ministre de l’Économie conservateur Peter Altmaier sont interrogés par une commission du Bundestag. Olaf Scholz était au courant dès 2019 d’une enquête secrète de la BaFin, le régulateur financier, sur des soupçons de manipulation des marchés visant Wirecard. Bien entendu, les deux ministres se défaussent sur celle-ci et se contentent de chipoter à propos d’Ernst & Young dont les audits sommaires n’avaient pas décelé les falsifications de bilan. Selon les révélations d’un ancien dirigeant de Wirecard au quotidien économique Handelsblatt, l’entreprise était insolvable dès 2008 et le conseil de surveillance en était informé ! Comment expliquer cette protection et cette mansuétude ?

Côté organisations criminelles, on trouve la redoutable ‘Ndrangheta qui utilisait des filiales de Wirecard afin de blanchir les fonds provenant de la palette de ses activités. PayEasy avait pour clientèle des services en ligne consacrés aux jeux et à la pornographie, selon KPMG qui s’est appuyé sur des déclarations de Jan Marsalek. À Malte, CenturionBet, qui était détenue par une compagnie enregistrée au Panama, remplissait le même office jusqu’en 2017, date à laquelle les tribunaux italiens l’ont révélé. La filière était également utilisée par des organisations criminelles russes et albanaises, l’internationale du crime est active.

Faut-il dénoncer un mélange des genres ou déduire de cette mine d’informations que tout ce petit monde patauge dans le même marais et qu’il n’y a pas de quoi en être surpris ?

 

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